Il était écrit que Kassé Mady Diabaté ne se relèverait pas de l’accident cardiovasculaire qui l’alitait depuis presque deux mois à la Clinique Pasteur où l’Etat l’avait référé. Il s’est éteint hier soir parce que l’heure et les circonstances de notre départ sont en des mains supérieures.
Mais tout le personnel de santé sur place s’est surpassé pour que Kassé Mady puisse de nouveau chanter, nous enchanter sûrement et réenchanter peut-être cette terre où il est né voici soixante-quatorze ans d’un contrat qu’il a, pour sa part, excellemment rempli. A sa famille, ses proches et ses fans éplorés, nous adressons nos condoléances les plus émues.
Le Mali perd l’une des plus belles voix qui puissent être données à l’humain. Si Hugo se demandait comment on pouvait tuer après avoir entendu chanter l’alouette, nous nous demandons comment on peut faire du mal après avoir entendu Kassé Mady chanter Simbo. Qu’il le fasse sous les volutes du balafon de Kélétigui ou de la kora de Toumani Diabaté, ou qu’il le fasse lui-même armé d’un simple ngoni, entre le fleuve et la mangue, la rizière et l’argile, l’espace bercé par le timbre unique du prince de Kela.
Mais au-delà de son génie artistique phénoménal, Kassé Mady était surtout un homme d’humilité et de cœur. Ce qui lui a sans doute permis de traverser et de vaincre les infortunes et l’adversité qui ont marqué sa vie. Violette Diallo son amie et manager a été à ses côtés dans les moments les plus pénibles. Le pays doit l’en saluer. Ibrahim Boubacar Keita avait offert d’évacuer Kassé Mady mais l’éventualité sera déconseillée en raison de la gravité de la lésion observée chez le patient. Alors, il instruisit le transfert de celui-ci là où le plateau technique était meilleur. Merci Président ! Tout est terminé désormais. Mais nous pouvons continuer Kassé Mady en essayant déjà d’être bons de cœur.