Pas de carte d’électeurs biométriques à Kéniéba, comment la présidentielle 2018 se déroulera si ces cartes ont été brûlées lors des manifestations survenues dans la localité ?
La situation qui prévaut dans le cercle de kéniéba et conduit aux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre le lundi 11 juin 2018 tire sa source de loin et celle-ci qui a fait mort d’hommes est interpellateur à la fois et amène à se pencher sur certains évènements clés survenus dans la localité ces derniers temps.
La visite à Koulouba et le soutien au Président IBK contesté
D’abord les chefs traditionnels et leurs communautés avaient montré de façon claire leur mécontentement après qu’un groupe s’était constitué pour rencontrer à Koulouba le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita en lui apportant un soutien au nom de toutes les communautés du cercle de Kéniéba et contestés par certains habitants qui ‘’Disent ne pas se reconnaitre en ce soutien’’ .
Cette situation avait crée un remous au sein de la communauté qui a dénoncé ce soutien au président IBK en leur nom ‘’sans consultation au préalable de toutes les communautés’’ et la voie à ‘’des fins politiciennes personnelles’’ des initiateurs, chose qui a été vigoureusement dénoncée haut et fort à travers une marche des populations organisée à Kéniéba pour fustiger ce comportement .
Les factures de KAMA S.A récusées à cause du prix élevé
le refus du payement des factures a trouvé une issue le 08 juin 2018 dernier après une rencontre entre le premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et des médiateurs du cercle qui s’étaient rendus à Bamako pour trouver une solution à ce problème.
En effet, les populations de Kéniéba refusaient de payer la facture d’électricité de la Société KAMA S.A qu’elles accusent de ne pas respecter ‘’ la facturation du KW/H au même prix que l’EDM S.A.’’
Après plusieurs rencontres et médiations, la situation a connu un dénouement satisfaisant en obtenant ‘’ le payement des factures à partir du mois d’avril 2018 et une électricité permanente dans la ville’’ selon la médiation de Kéniéba.
Une manifestation longtemps étouffée par des négociations peu porteuses
cette manifestation du lundi 11 juin 2018 devenue une préoccupation et attirée l’attention de tout le Mali et le reste du monde vers Kéniéba en début de semaine par des incendies de bâtiments publics, des cartes d’électeurs biométriques brûlées et mort d’hommes date de la 2 ème semaine du mois de mai 2018 lorsqu’un groupe de jeunes du bureau communal de la jeunesse déclenche un mouvement de protestation puis bloque l’accès à la mine d’or de Gounkoto et réclame le départ de la directrice des ressources humaines de la mine et le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs.
Les jeunes reprochent à la directrice des ressources humaines « d’avoir défavorisé la communauté de Kéniéba en matière d’emploi et l’amélioration des conditions de vie des travailleurs locaux au détriment des travailleurs venant de Morila et Siama et réduire le taux de recrutement communal par des critères non favorable aux locaux. ».
Selon le Secrétaire général du Bureau communal de la jeunesse de Kéniéba Toutouba Sissoko ‘’les recrutés de siama et Morila font parfois des formations de 3 mois avant de débuter le travail, pourquoi pas nous aussi ?’’ s’est-il interrogé.
Quant au Secrétaire général du Syndicat des travailleurs, les jeunes lui reproche ‘’ la signature d’un document avec la direction de la Mine, qui stipule que les travailleurs GMS n’auront aucune doléance de revendication jusqu’en 2021 sans consulter la base.’’
Echec des négociations sans accord et des sanctions disciplinaires
Après des négociations sans succès avec la direction de Randgold, pour trouver une issue à leur revendication fondamentale qui est ‘’ la reprise automatique des jeunes qui ont effectué des stages de plusieurs mois au sein de la société mais qui sont mis à l’écart au profit de la main d’œuvre en provenance d’ailleurs au moment des recrutements ’’ y voient des pratiques douteuses et contraires aux principes de l’équité et de l’égalité.Les nombreuses démarchent auprès des autorités administratives du Cercle n’ont pas permis de débloquer la situation. Une procédure de sanctions disciplinaires à l’endroit des responsables du bureau communal employés dans la mine, donne lieu à des suspensions.
Dépassés par la tournure des événements, les jeunes multiplient les rencontres avec les autorités communales, les leaders traditionnels afin d’éviter que la contestation ne prenne une autre tournure, mais cela ne fera pas tomber la tension et le lundi 11 juin 2018 une confrontation avec les forces de l’ordre s’étend à la ville de Kéniéba.
Des morts, des blessés, des bâtiments publics incendiés et des ‘’cartes d’électeur biométriques brûlées ‘’
Le bilan de ces affrontements entre manifestants et les forces de l’ordre est de 2 morts et plusieurs blessés puis ‘’des bâtiments publics incendiés et les cartes d’électeur biométriques brûlées’’ selon un communiqué du ministère de l’administration territoriale dans la journée du lundi.
La gravité de la situation a conduit le gouverneur de région dans la localité et organisé une rencontre avec les autorités locales, religieuses et les notables pour trouver une solution puis mettre fin à la crise de Kéniéba.
La ville sous gaz lacrymogènes, des habitants matés et des arrestations
Avant cette rencontre, des renforts militaires qui s’étaient rendus sur place ont lancé des gaz lacrymogènes dans tous les sens de la ville, matés et procédés à des arrestations créant la panique totale et la peur pendant qu’un avion militaire survolait la ville.
Des habitants de Kéniéba sont restés terrés chez eux toute la journée du mardi 12 juin 2018 jusqu’à ce que le maire de la commune Moussa camara lance un appel au calme en demandant aux populations de ‘’reprendre leurs activités et ouvrir les commerces’’.
Selon un habitant de la ville ’’un couvre feu a été instauré à kéniéba de 16h à 07h’’
La question que tout le se pose maintenant est ‘’Comment les populations du cercle de kéniéba accompliront leur devoir civique lors des prochaines élections présidentielles si leurs cartes d’électeur biométrique ont été brûlées lors des manifestations ?’’.
Les jours et semaines à venir nous dirons plus sur la manière dont les populations de kéniéba pourront prendre part au vote lors du scrutin présidentiel.
La situation de Kéniéba a donné lieu à un aménagement de dispositif sécuritaire à Kayes par le renforcement des agents de sécurité autour de certains bâtiments public.
Pour l’heure, les auteurs des troubles sont recherchés pour être conduits en justice.
KayesKunafoni