Au Mali, la distribution des cartes d’électeurs biométriques a démarré ce mercredi. Près de 8,5 millions de Maliens doivent les récupérer d’ici le 29 juillet, date de l’élection présidentielle. La carte biométrique est normalement l’unique document qui permet de voter. Récemment, le gouvernement a émis l’hypothèse, que dans des cas exceptionnels, les cartes Nina pourraient être utilisées. Nina comme Numéro d’identification nationale, ces cartes avaient été mises en place en 2013 lors de la dernière élection présidentielle. Cette disposition fait grincer des dents l’opposition.
La proposition a été faite fin avril lors d’un cadre de concertation avec l’opposition sur l’organisation du scrutin. Le gouvernement suggère qu’en cas de force majeure, le ministre de l’Administration territoriale autorise l’usage de la carte Nina pour voter.
« Cela veut dire qu’en cas d’évènement exceptionnel, calamités, catastrophes ou d’évènements soudains que l’administration ne pouvait pas prévoir et à la suite du constat d’une commission transmis au ministre de l’Administration territoriale qui transmet à son tour à la Cour constitutionnelle, à ce moment-là, dans ce cas précis, la carte Nina va remplacer la carte d’électeur biométrique », justifie en effet Baba Hamane Maïga, le secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale.
Cette mesure inquiète l’opposition qui trouve qu’elle confère un pouvoir trop important au ministre de l’Administration, comme l’explique maître Demba Traoré, secrétaire à la communication de l’Union pour la République et la démocratie (URD) : « Il parle de catastrophes et de calamités naturelles, oui d’accord. Mais il faut qu’on nous précise et surtout c’est une commission présidée par le représentant de l’Etat qui constate l’existence du cas de force majeure, sans définir aucune procédure de constatation. Egalement, le rapport doit être envoyé par la Cour constitutionnelle. Ca, c’est une procédure très longue. Et pendant ce temps, qu’est-ce qui va se passer ? »
Autre sujet de préoccupation : en 2013, le bureau du vérificateur général avait pointé du doigt l’existence de 900 000 cartes Nina en trop par rapport à la liste des électeurs. Ces documents vierges ont depuis lors disparu. Et l’opposition redoute qu’elles soient utilisées à des fins frauduleuses.