Kayes : la prostitution sur les sites d’orpaillage traditionnels, quelle conséquence ?

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Crédit image le monde

Nombreuses sont les jeunes filles, ou femmes au foyer de diverses nationalités de la sous-région (Ivoirienne, Malienne, Sénégalaise, Burkinabé, Nigériane, Ghanéenne,Guinéenne etc.) à abandonner soit l’école ou leur foyer pour se retrouver dans les pièges des sites d’orpaillage traditionnels dans la région de Kayes, notamment dans le cercle de Kéniéba, ou dans les communes de Sadiola ou Aourou pour s’adonner à la prostitution.

Les raisons qui poussent ces filles à se prostituer sur les sites d’orpaillage traditionnels.
Divers raisons expliquent la prostitution que pratiquent ces filles. Il y a celles qui ont abandonné, les bancs de l’école indépendamment de leur volonté pour s’adonner au plus vieux métier au monde devenu monnaie courante de nos jours sur les sites d’orpaillage traditionnels avec son corollaire de maladies sexuellement transmissibles.
Au cours de nos enquêtes, nous nous sommes entretenus avec certaines de ces filles de nuits qui ont voulu s’exprimer à visage découvert. Fatoumata Sangaré est une fille de 16 ans qui a abandonné les études pour se retrouver sur un site d’orpaillage artisanal dans la commune rurale de sadiola située à quelques 80 Km de la ville de Kayes.
À la question pourquoi elle pratique un tel métier abject, la jeune fille évoque « un manque de moyens financiers pour terminer les études » et elle se dit consciente des conséquences et du danger qu’elle encoure, mais dit ne pas avoir le choix « situation oblige » martèle-t-elle.
D’autres filles évoquent elles des problèmes familiaux par crainte d’être mariées de force. Elles quittent ainsi leurs maisons sans laisser une seule trace pour ne pas être localisées. Et le plus souvent, les parents se lancent à leur recherche à l’exemple de Sita Coulibaly sur le site d’orpaillage d’Aourou qui témoigne « Moi, je me suis retrouvée ici parce que mes parents voulaient me donner en mariage à un homme que je n’aime pas, donc je suis venue pour éviter ce mariage forcé, parce que personne ne me soutient dans ma pensée de refus d’un mariage forcé. Je n’ai donc pas le choix ici que de me prostituer pour survivre.».
Si le mariage forcé et le manque de moyens financiers sont les prétextes évoqués par Sita et Fatoumata à leur prostitution, certaines ont d’autres motifs pour justifier leur présence sur les sites d’orpaillage loin de la prostitution selon Joséphine Kaboré, une femme burkinabé la trentaine d’années révolues et qui travaille sur un site d’orpaillage traditionnel dans la commune de Kéniéba.
« J’étais marié et à un moment donné tout s’est compliqué avec mon mari poussé par ses parents à me mettre à la porte sous prétexte que je suis une femme qui n’enfante pas. Mon père et ma mère ne vivant plus pour me soutenir financièrement, mes oncles et tantes m’ont tous tourné le dos en m’accusant d’être une femme de malheur parce que mon mari m’a divorcé de n’avoir pas eu d’enfants. C’est terrible de vivre ce cauchemar, c’est ce qui m’a poussé à venir travailler sur ce site durement et pour faire face à mes besoins. La tentation est forte, mais je ne me prostitue pas contrairement à mes jeunes sœurs qui préfèrent tout raccourci sans endurer la souffrance. Je travaille avec des hommes qui creusent et mon rôle est de tirer la corde pour faire sortir le sable lorsqu’ils sont dans le trou ».
Les énormes conséquences de cette pratique
Les conséquences liées à cette pratique sont énormes et dévastatrices. Le VIH SIDA, les grossesses non désirées et d’autres maladies hygiéniques sont fréquentes dans ces zones devenues un mystère pour qui ne vit pas dans ce milieu où la pitié et le sentiment sont des langages bannis du quotidien.
Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à être candidates sur les sites d’orpaillage traditionnels pour s’adonner à la prostitution pour diverses raisons.
Si les campagnes de sensibilisation ne s’intensifient pas avec la plus grande implication de la société, nous serons loin d’en finir avec ce mal ravageur de nos mœurs.

Michel Yao

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