Sécurité, réorganisation administrative du territoire, dialogue entre les communautés et développement étaient au menu de cette
visite de 24 heures du chef du gouvernement dans la cité des Askia
Evaluer la situation sur le plan sécuritaire à Gao et encourager les espaces de dialogue qui existent entre les communautés, dans un souci d’accalmie, de paix sociale et d’entente étaient les objectifs majeurs de la visite que le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a effectuée, hier, à Gao. Pour ce déplacement, le chef du gouvernement était accompagné du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, celui de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré.
C’est aux environs de 10 heures que l’avion transportant le Premier ministre a atterri sur le tarmac de l’aéroport de Gao. A sa descente d’avion, il a été accueilli par les autorités politiques et administratives avec en tête le gouverneur, le général Sidiki Samaké. Ensuite, Soumeylou Boubeye Maïga et sa délégation ont mis le cap sur le gouvernorat pour animer une conférence avec les cadres. Autorités politiques et administratives, légitimités traditionnelles, représentants de la société civile…bref les forces de Gao avaient répondu présent pour non seulement exposer quelques préoccupations à l’illustre visiteur, mais aussi écouter les messages à eux livrés par le premier chef de l’administration malienne.
Premier à s’exprimer, le maire de la commune urbaine de Gao, Boubacar Dacka Traoré, a d’abord remercié le Premier ministre pour cette visite. L’édile a ensuite félicité Soumeylou Boubèye Maïga pour la bonne tenue, il y a quelques mois, de l’élection présidentielle. «Votre visite est très significative, car la population n’aspire qu’à la paix», a-t-il lancé. Intervenant au nom de la société civile, Mohamadou Boulel a énuméré les difficultés auxquelles sont exposées les populations de Gao: insécurité grandissante au niveau de la région; question du découpage territorial ; arrêt des travaux des routes, notamment celle reliant Gao à Bourem; explosion d’obus de la Force Barkhane ; non démarrage de la construction de la route Gao-Sévaré. Dans un plaidoyer fort appuyé, le porte-parole de la société civile de Gao a sollicité de l’Etat des solutions idoines.
UNE BATTERIE DE MESURES ENVISAGÉES –Dans sa réponse, le chef du gouvernement a d’abord remercié la population de Gao pour l’accueil qu’elle lui a réservé. «Je suis venu à Gao pour écouter et comprendre aussi. Notre tâche, c’est de tout faire pour être au service des citoyens et du pays», a-t-il déclaré. Sur la situation sécuritaire à Gao, dont le sombre tableau indique une trentaine de morts depuis le début de cette année, le PM a insisté sur la collaboration et l’implication des populations en appui aux efforts de l’Etat. Il a beaucoup insisté sur la réconciliation, le renforcement de la cohésion et du tissu social à Gao. Pour le natif de la cité des Askia, Gao a besoin d’une nouvelle dynamique, en sortant des dissensions et querelles.
Le Premier ministre a affirmé que le gouvernement continuera d’accroitre les capacités de nos forces. Pour étayer ses propos, il a, sous un tonnerre d’applaudissements, annoncé une batterie de mesures envisagées par l’exécutif: déploiement de 150 éléments du Groupement mobile de sécurité (GMS), celui de 150 gardes, ouverture d’un deuxième commissariat à Gao. Ce n’est pas tout, a poursuivi le chef du gouvernement, puisque les moyens de la Protection civile, de la Gendarmerie seront aussi renforcés. Comme cela a été dit ailleurs, il a mis un accent sur la régionalisation lors des recrutements.
M. Maïga a indiqué que d’autres solutions envisagées pour renforcer la sécurité ont trait à la poursuite des travaux de tranchées autour de la ville; à la prise de certaines mesures sur la circulation des véhicules Pickup et de motos, comme au Centre du pays.
En outre, le chef du gouvernement a assuré que les autorités travailleront à ce que tous les éléments des groupes signataires de l’Accord qui ne sont pas dans le processus DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion) soient hors de la ville. Soumeylou Boubèye Maïga a particulièrement insisté sur l’entente, la cohésion entre les populations.
Entre la sécurité et le développement, il n’y a qu’un pas, dit-on. A cet égard, le PM a annoncé la reprise, dès cette semaine, des travaux des chantiers arrêtés. Intervenant sur la question de la réorganisation administrative du territoire, il a balayé d’un revers de la main toutes les rumeurs et suspicions qui se sont développées autour de l’initiative, tendant à induire les populations en erreur. Il a assuré qu’il n’y aura pas de création de nouvelles régions hors des 19 que prévoit la loi de 2012. «Pour la première fois, l’Etat a dit que pour la création des cercles, il va écouter les populations…Nous essayons de travailler à ce que l’Etat soit plus proche des populations», a justifié le Premier ministre. Tout en regrettant l’organisation d’une marche contre le projet de réorganisation administrative du territoire à Gao, il a assuré que le gouvernement prendra le moment venu les décisions qui sont bonnes pour les populations et pour le pays.
Concernant l’explosion des obus qui met en insécurité les populations de Gao, Soumeylou Boubèye Maïga a informé l’assistance qu’un champ de tir situé à 20 Km de la ville a été attribué à la force française Barkhane, promettant la poursuite des efforts pour leur protection. Sur le projet de construction de la route Gao-Sévaré, il a confié que des ressources sont en train d’être mobilisées pour le démarrage des travaux d’ici la fin du premier trimestre de 2019. Il a aussi indiqué que ce sont les entreprises locales qui travailleront sur le chantier. Comme à Mopti, le PM a clos son intervention en ces termes: «Nous connaissons nos populations, les fauteurs de troubles, c’est le moment pour chacun de choisir son camp».
Envoyé spécial
Massa SIDIBÉ
Source: Essor