Aider les Maliennes victimes de viol à rompre le silence

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La plupart des victimes de viol au Mali préfèrent se taire plutôt que de dénoncer les coupables. Elles préfèrent cacher cette phase pénible de leur vie, car au lieu d’être soutenues et aidées pour obtenir justice, la société a plus tendance à les juger, écrit la blogueuse Mariam Sanè.

« C’est bien fait pour elle ! », « Qu’est-elle est allée chercher chez lui ? », « C’est une fille facile !», « Une honte pour sa famille ! » : toutes ces sentences et idées reçues incitent les Maliennes victimes de viol à choisir le silence pour ne pas se faire pointer du doigt.

Plusieurs autres questions leur traversent l’esprit, et beaucoup craignent le rejet de leur famille ou de la société en général, si elles en parlent. Et pour quel résultat, d’ailleurs ? Le ou les coupables seront-ils punis ? Les gens oublieront-ils un jour cette histoire ? Autant de questions qui ne trouvent aucune réponse si ce n’est leur silence.

Traumatismes

A commencer par la première d’entre elles : ces femmes pourront-elles oublier elles-mêmes ce viol et retrouver une vie normale ? De nombreuses femmes demeurent en effet traumatisées, certaines préfèrent même mettre fin à leur vie, juste pour ne pas vivre cette humiliation.

Certains pervers ne manquent pas d’arguments du genre : « Elles disent non alors qu’elles aiment bien cela ! ». À maintes reprises, j’ai entendu cette phrase et j’en ai eu des maux de tête ! Quel raisonnement ! Depuis quand crie-t-on non, pleure-t-on, ou encore essaye-t-on d’échapper à quelque chose que l’on aime ? Cela me dépasse !

Nos populations, au lieu de juger, de critiquer et de médire sur les femmes et filles victimes de ces viols, doivent plutôt les épauler, les rassurer et les pousser à aller porter plainte contre les coupables. Car, se taire ne peut qu’encourager ces derniers et les pousser à continuer leur sale besogne.

Faux arguments et viols filmés

Quand des adolescentes de 16 ans en moyenne ont été violées au parc national, certains ont sorti l’argument du style vestimentaire en clamant que c’était bien fait pour elles. L’habillement d’une personne ne saurait justifier pourtant un viol, car le violeur n’est ni le premier, ni le dernier à l’avoir vu dans cette ténue ; et les autres n’ont pas agi comme lui pourtant.

Il y a aussi celles qui ont été filmées en train de se faire violer. On se souvient encore de l’épisode troublant de 2018. Le plus souvent, les plus courageuses d’entre elles portent plainte car ce n’est plus possible de le cacher. Ou encore, elles essayent d’oublier même si cela n’est pas évident. Et celles qui ne sont pas aussi courageuses pensent automatiquement au suicide car un adage bamanan dit : « Saya ka foussa ni malo ye » (« plutôt la mort que la honte »).

Encourager à porter plainte

C’est difficile pour une femme, surtout en milieu rural, de parler de son viol en présence de plusieurs personnes. Ainsi, la justice devrait trouver une solution pour que leurs procès se fassent à huis-clos, sans cour d’assises. Cela pourrait les encourager à porter plainte.

Si nous voulons combattre le viol, nous devons d’abord changer de mentalité en voyant une femme ou une fille violée comme une victime et non comme celle qui a cherché son sort. Et à partir de là, nous pourrions les soutenir, les aider à obtenir justice et lutter ainsi plus efficacement contre ce phénomène : le viol.

Source:Benbere.org

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