Le SYLTMAT (Syndicat libre des travailleurs de l’administration territoriale), dirigé par Olivier Traoré, et le SYNAC (Syndicat national des administrateurs civils), dirigé par Ousmane Christian Diarra, ont déposé, le vendredi 25 janvier, un préavis de grève de 72 heures pour les 11, 12 et 13 février 2019. Les syndicats exigent:
• le maintien sans conditions à son poste du gouverneur de Kayes, Baye Konaté, relevé de manière jugée « abusive »;
• Le redéploiement sans délai de tous les représentants de l’Etat « abusivement relevés de leurs fonctions », notamment Makan Sissoko, ex-préfet de Yelimane; Issoufou Théra, ex-préfet de Kolondieba; Adama Coulibaly, ex-préfet de Koro; Fadjigui Theophile Coulibaly, ex-conseiller juridique du gouverneur de Kidal; et Komba Samake, ex-directeur de cabinet du gouverneur de Mopti;
• l’exécution du protocole d’accord conclu avec le gouvernement en mai, juillet et août 2018;
• l’abrogation du décret numéro 215-0067/PRM du 13 février 2015 fixant les conditions de nomination et les attributions des chefs de circonscriptions administratives;
• l’octroi d’un quota de 98% aux administrateurs civils pour les nominations aux postes de gouverneurs de régions et du district;
• Le respect des textes dans la nomination des préfets et sous-préfets;
• la prise en charge de la famille de Makan Doumbia, sous-préfet de Teninkou enlevé par les terroristes le 8 mai 2018.
Cas du gouverneur de Kayes
Sur le cas de Baye Konaté, le gouverneur de Kayes limogé et remplacé par un policier (Zoumana Sidibe), le Comité exécutif du SYNAC a tenu, jeudi 24 janvier à 10h, une réunion extraordinaire présidée par son chef, Ousmane Christian DIARRA. La réunion était élargie au SYLTMAT.
Prenant la parole, Diarra a expliqué que le remplacement du gouverneur vise à déstabiliser le SYNAC à travers la militarisation des fonctions de commandement civil. Il a souhaité recenser les points de vue de tous les membres du CEN-SYNAC avant toute action.
À l’unanimité, les membres ont manifesté leur désarroi non seulement face à la militarisation des fonctions de commandement civils, mais aussi par rapport à la relève des Administrateurs civils au profit d’autres corps (militaires, paramilitaires, etc.).
Après des échanges vifs, les décisions ci-après ont été prises:
• saisine du Président de la République pour protester contre les pratiques visant à démoraliser les administrateurs civils dans l’exercice de leurs fonctions et tenir ampliataires de cette lettre le Premier ministre et le Ministre de l’administration territoriale;
• organisation dune conférence de presse pour dénoncer les agissements du gouvernement à l’encontre des Administrateurs civils;
• dépôt d’un préavis de grève de 72 heures pour dénoncer l’atteinte aux intérêts des Administrateurs civils.
Selon un responsable syndical qui préfère garder l’anonymat, les syndicats soupçonnent le gouvernement d’avoir relevé le gouverneur de Kayes à cause de sa proximité avec le Chérif de Nioro, opposant déclaré au régime en place. Les syndicats estiment que si cette politisation continue, la carrière des administrateurs plongera dans les enfers. « Remarquez bien que les administrateurs relevés servaient dans des zones où le candidat du pouvoir n’a pas gagné lors de la dernière présidentielle », conclut notre interlocuteur.
Le chef du SYNAC démissionne de ses fonctions de conseiller du gouverneur de Kayes
Le Secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra, a démissionné de son poste de conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur de Kayes. Il refuse de servir à ce poste tant que le gouverneur Baye Konaté n’aura pas été rétabli dans ses fonctions.
Abdoulaye Koné