Dans le cadre de la mise en œuvre du projet PACOM financé par la banque mondiale. Un programme dédié au développement des communes du Mali.
La mairie de la commune urbaine de Kayes a bénéficié de ce projet : la réalisation de 40 km de réseau d’eau et château d’eau. Ce programme était reparti en 6 lots. Suite à un appel d’offre, l’entreprise ECOTRA a bénéficié de la réalisation de 02 lots : la réalisation d’un réseau d’eau de 14 km et la construction d’un château d’eau à Niaganiaga.
C’est ainsi que cette entreprise va procéder aux recrutements de ses manœuvres par sous-traitance. Dans cette crise d’emploi plusieurs chefs de famille ont accepté de creuser les réseaux.
Le travail consistait à creuser les trous et les remplir une fois que les tuyaux sont placés. Ainsi, 1m de longueur sur 50 cm de largeur avec pour profondeur 80 cm, tout ça pour une somme de 1000 FCFA. Le compte était fait en fonction du travail effectué.
Selon un manœuvre ‘’ ils nous avaient dit de faire le travail et qu’après 23 jours de travail nous aurons notre argent. C’est ainsi que nous avions creusé les réseaux du 1er lot, mais après les 23 jours ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas encore eu l’argent. Ils nous ont encore sollicité de continuer avec le travail et que nous aurons notre argent. Après plus d’un mois nous avions eu cet argent’’ a confirmé cet ouvrier, tout consterné.
Si cette première phase a été exécutée avec des difficultés, l’entreprise a manqué le coup sur la réalisation du 2ème lot. Le livrable de ce lot était la construction d’un château d’eau dans le village de Niaganiaga. ‘’ C’est suite à la visite d’une mission de supervision des travaux composée des techniciens et experts de la SOMAGEP et la SOMAPEP qu’il a été révélé que l’entreprise ECOTRA n’avait ni la compétence technique ni la capacité financière de construire le château d’eau de Niaganiaga ’’ a confié le 2ème adjoint au Maire M. Mayera Ibrahima Cissé, chargé des grands travaux à la mairie de Kayes.
La preuve, l’entreprise avait terminé la réalisation du 1er lot en accusant non seulement beaucoup de retard mais elle a aussi rencontré des difficultés avec ses ouvriers.
Des propositions ont été faites par l’entreprise pour ‘’changer le château d’eau en un autre réseau d’eau ’’ une proposition à laquelle la mission des 02 sociétés vont adhérer. Mais la mairie était, selon le maire chargé des grands travaux ‘’sur une lancée de résiliation du contrat’’. Convaincue par les autres parties prenantes, la maire acceptera cette proposition mais il faut reprendre la procédure. C’est ainsi que le dossier pour un nouveau contrat a été envoyer à la Direction Générale des marchés publics pour étude et validation.
Confiant de sa position, ECOTRA n’a pas attendu la décision de la Direction Générale des marchés publics, elle a débuté les travaux avec ses manœuvres sans pourtant les payer. A la suite des travaux les manœuvres ont arrêté le travail. Selon certains manœuvres ‘’ nous avions arrêté les travaux parce qu’elle ne nous payait pas mais le problème est qu’elle continue à travailler avec des nouveaux manœuvres sur le chantier. Qu’elle nous paye notre argent, c’est tout ce que nous demandons ’’ a déclaré un ouvrier mécontent.
Pour répondre, Amadou Koné responsable du chantier d’ECOTRA, certes a reconnu le tort causé mais il s’est déchargé de toute responsabilité dans cette affaire ‘’ oui ils ont fait le travail du 1er lot à crédit mais cette somme a été payer. Pour cette 2ème phase, cela ne relève pas de mon niveau c’est au sommet de l’État qu’il faut chercher les réponses ’’ a déclaré M. Koné.
A la question des nouveaux ouvriers qu’ils recrutent pour continuer les travaux, il s’explique ‘’nous ne pouvons pas dire à des chefs de famille de venir faire des travaux de moins d’une heure de temps pour ne pas les payer. Vu que nous les devons déjà. Ces travaux que nous faisons sont justes des retouches. Raison pour laquelle nous faisons appel à d’autres ’’ explique Amadou Koné.
Cette version de M. Koné ne convainc pas les manœuvres, pour eux ‘’s’ils payent les nouveaux pour les retouches qu’ils font à des travaux que nous-mêmes nous avions faites pourquoi ne pas nous payer pour les faire ces retouches-là ? ’’ Interrogeât le jeune ouvrier avant de continuer ‘’C’est juste qu’ils ne veulent pas nous payer’’ s’exclama tout fâché.
Sur le mode de recrutement par sous-traitance, M. Koné n’a pas voulu s’exprimé sur ce point ‘’ se sont des gens avec qui nous avions travaillé c’est tout ce que je peux vous dire’’
Ces genres de cas sont courants sur le terrain, des marchés publics mal attribués, des exécutions de contrat fait à la peine des ouvriers qui ne gagnent pratiquement rien dans l’exécution de ces travaux publics et pourtant ce sont eux qui font toute la tâche difficile.
L’État malien doit revoir sa manière d’attribuer les contrats. Le clientélisme, le népotisme, la corruption à ciel ouvert, sont entre autres les origines de la banalisation des travaux publics dans ce pays.
Les appels d’offres sont fait juste pour la formalité, les mauvaises entreprises raflent les contrats des milliards tandis que celles qui ont la compétence sont purement et simplement écartées soit elles cèdent un gros pourcentage de l’offre à un groupe d’individus.
Le développement passe par une excellence des entreprises sur les différents chantiers, mais quand ce sont les autorités qui créent leurs propres entreprises sans compétences pour s’en accaparer des contrats étatiques, c’est sans espoir le développement sera toujours de vain mot.
Dans la négociation des contrats la partie prenante des ouvriers doit être associée et que leurs propositions soient prise en compte. L’État doit protéger ces ouvriers de l’exploitation dont ils sont victimes de la part des entreprises malveillantes.
Sinsin Salomon Tienou