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Yélimané: les anti-esclavagistes privés de leurs terres et bannis de la société à Tambacara

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L’esclavage est une pratique féodale qui sévit toujours dans la région de Kayes. Avec cette prise de conscience naissante, les anciens esclaves ont décidé de briser cette chaine pour avoir leur liberté. Ainsi, pour les aider au nom du droit, le préfet de Yélimané M. Fadio Fané et le sous-préfet de Tambacara ont  initié  une rencontre inter-communautaire regroupant les élus locaux, des chefs coutumiers et surtout  des anciens esclaves. C’était ce mercredi 15 mai 2019 à la mairie de Tambacara .

L’objectif de cette rencontre était  ‘’d’ouvrir le dialogue entre les communautés pour aboutir à une solution à l’amiable’’.

L’atmosphère de la salle était aussi tendue que l’ordre du jour. L’esclavage, un sujet très sensible dans cette partie du Mali. Cette pratique condamnée par la constitution du Mali est malheureusement une réalité dans le cercle de Yélimané.

Après plus deux(02) heures de temps de discussions, aucun des protagonistes n’a malheureusement changé sa position.

Même si tous les villages optent pour la paix, il faudra qu’elle soit en leur manière. Après une longue liste d’intervenants des deux côtés, la parole a été donnée au chef de village de Tambacara qui est non moins le chef de village principal des autres. C’est ainsi que M. Diaby Doucouré a réaffirmé leur position devant les autorités administratives et politiques ‘’ je le dis et je le répète, toute personne qui n’est pas d’accord avec nos pratiques sociétales n’est pas des nôtres. Alors la personne n’a droit à rien chez nous. J’affirmerai cette position partout où il y’aura besoin’’

Le Préfet de Yélimané en sa position de négociateur a expliqué aux Doucouré et Kébé de revoir leur position pour le bonheur de tous tout en leur expliquant que cette pratique est anticonstitutionnelle et ne va non plus pas avec la religion. D’autres rencontres sont prévues dans les jours à venir.

Ces Diarra ; Coulibaly etc. qui viennent d’autres localités du Mali, vivent avec leurs frères depuis plus des siècles. Que deviendront-ils sans leurs terres cultivables ? Où iront-ils après toutes ces années ?

‘’Non à l’esclavage’’ prive des centaines de familles de leurs terres cultivables en plus d’un rejet social.

Dans ce cercle, la majorité de la population est soninké, même si tout le monde parle Soninkara,  certains  noms de famille «  sont considérés comme étant  des esclaves » par  d’autres. C’est le cas des Diarra de Hamdallaye et Diagadouron, leurs maîtres sont les Kébé et Doucouré selon leur tradition.

Les victimes de  cette pratique  ‘’ sont toujours  considérés dans leur société, comme des non affranchis ». Pendant les fêtes, ce sont  eux qui  s’occupent du dépeçage  des animaux, cela est le travail des esclaves. Ils ne peuvent  pas se  marier avec des femmes  dites « nobles ». Ils  s’occupent des travaux domestiques etc..’’

‘’ Les temps ont évolué il faut que nos frères comprennent cela. Nous ne sommes pas leurs esclaves, en tout cas plus jamais à compter de nos jours’’  nous expliqua un Diarra de Diagadouron.

Ce refus d’être appelé ‘’esclaves’’ des Doucouré et des Kébé a très vite provoqué l’indignation des anciens maîtres. Ainsi les Diarra de Hamdallaye et Diagadouron, paient désormais leur refus. Ils sont des centaines de familles privées non seulement de leurs terres cultivables mais également bannis  de la société.

Quant aux anciens maitres d’esclaves, ils reconnaissent avoir dépossédé ces anciens «  esclaves »  de leurs champs et  au nom de la tradition.  « Ce sont eux qui nous ont dit qu’ils ne participent plus à nos actions sociales, alors nous leur avions dit de laisser tout ce que nos grand parents leurs avaient attribué. Nous vivons ensemble il y’a plus de 100 ans. Il n’y a jamais eu un tel problème. C’est eux qui ne veulent pas respecter nos coutumes sociales » déclara un vieux Doucouré.

La situation devient très compliquée pour ces familles. Surtout que nous sommes en début d’hivernage.

Ces Diarra ; Coulibaly etc. qui viennent d’autres localités du Mali, vivent avec leurs frères depuis plus des siècles. Que deviendront-ils sans leurs terres cultivables ? Où iront-ils après toutes ces années ? Le Mali actuel n’a vraiment pas besoin d’autres crise, alors que chacun se ressaisisse et qu’on rentre et sorte par une seule porte. La cohésion sociale, la paix et l’entente doivent être nos priorités.

Sinsin Salomon Tienou

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