Le chapitre malien de la société civile de l’internet ISOC-MALI en partenariat avec la fondation Tuwindi, a organisé une conférence pour présenter son rapport d’étude sur l’état des lieux et perspectives de l’internet au Mali. C’était ce samedi 29 juin 2019 au patronat de Bamako sis à l’ACI 2000 sous l’égide de Bakari kouyaté, Président de ISOC Mali, de Mamadou Iam Diallo, Président de la commission Senior devant un parterre de journalistes.
Depuis un bon moment, les rumeurs ont commencé et continu de circuler au sein des consommateurs de l’internet au Mali. Presque tout le monde se plaint de la qualité, du coût et de la disponibilité de la connexion internet au Mali.
Ne disons-nous pas qu’une rumeur qui perdure devient une vérité ? Dans ce cas précis, ce n’est pas une rumeur mais une vérité. Chacun ne connait que chez soi. La connexion internet au Mali est un véritable problème.
L’internet est une ressource de développement?
Aujourd’hui au Mali, certes nous reconnaissons que nous ne sommes plus au 20ème siècle mais force est de constater que le coût de la connexion est très élevé par rapport au pouvoir d’achat du citoyen lambda. Le coût de connexion est plus cher que la nourriture dont le malien cherche pour survivre.
Les principes de base établies par ceux qui ont créée internet sont loin d’être respectés dans notre pays. Un internet libre transparent et accessible pour tous est une illusion au Mali. L’internet n’est pas libre ici puisque ,opérateurs et gouvernement coupent la connexion comme bon leur semble, il n’est pas non plus accessible par tous car trop cher et en plus, à par les grandes villes, les zones rurales n’ont pas accès à la connexion, si elles l’ont ce n’est pas en qualité.
C’est à l’issue de tous ces problèmes et interpellations que Isoc Mali a eu l’idée de rapprocher avec ses moyens de bord, quelques 2550 internautes de Bamako pour faire un sondage sur l’état des lieux de l’internet et perspectives au Mali. Cette étude (un flash) qui est une première dans notre pays était constituée de 20 questionnaires adressées à un public cible bien diversifié (société civile, secteur académique, entreprises, communauté technique, gouvernement et autres).
Sans surprise, les résultats de cette enquête sont interpellateurs . Les questions sur l’accès et le coût : 96,1% des internautes de Bamako ont accès à l’internet ; 42,9% disent que le coup est très cher et 33,4% disent qu’il est cher. Sur la résilience : 56,3% disent que la connexion est souvent coupée ; 71,0% disent que la connexion est souvent lente. Elle est lente à 90,1% et coupée à 69,7% à certaines heures. Ce cauchemar n’est souvent réglé par les opérateurs qu’après 3 jours de panne.
Quand au test du débit, l’ignorance bat son plein car 83,6% des internautes ne mesurent pas ou ne savent pas comment mesurer le débit de leur connexion. Ainsi 60,2% sont plus ou moins satisfaits et 25,8% non satisfaits contre 14,1% de satisfaits.
Sur l’usage de connexion, la plupart des internautes passent leur temps sur les réseaux sociaux comme WhatSaap qui est le plus utilisé avec 22,5% suivi de Facebook avec 19,9% contre seulement 15,7% de personnes qui utilisent leur connexion pour des recherches. Si les internautes restent connectés même à l’intérieur du pays, leurs données échangées sur l’internet sont dans l’insécurité totale.
Concernant la qualité : 80,7% des internautes interviewés disent que la qualité de la connexion ne reflète pas son coût. La question sur la technologie utilisée a aussi été posée aux internautes interviewés: le 3G est le plus utilisé avec 77,8% contre 20% du 4G et 2,2% pour le 2G.
Les perspectives : A la lumière de tous ces résultats, Isoc-Mali interpelle les régulateurs à revoir les tarifs de la connexion internet à la baisse, à contrôler la qualité des services internet fournis par les opérateurs, -interpelle les opérateurs télécoms et FAI au respect de leurs cahiers des charges en ce qui concerne la résilience.
Au gouvernement, Isoc-Mali demande l’organisation du forum national annuel sur la gouvernance de l’internet pour rassembler tous les acteurs, faire des enquêtes d’opinions, dynamiser et soutenir la communauté académique. Les trois 03 opérateurs télécoms présents à la cérémonie ont répondu aux questions posées par les journalistes. Ils ont également rassuré avoir pris notes du contenu de ce rapport. Mais d’autres part il reste à déplorer qu’aucun de ces opérateurs ni des structures gouvernementales ne répondent favorablement aux requêtes et propositions de Isoc Mali pour résoudre certains problèmes en avance. Cette cérémonie avait déplacé une montagne des nouvelles technologies du Mali, Hamadoun Touré l’ancien secrétaire général de l’UIT (Union Internationale de Télécommunication). M. Touré a encouragé la jeunesse à l’innovation pour ramener le Mali à sa première place qu’il occupait dès le début de la révolution numérique.
Comme l’a dit le modérateur de la cérémonie M. Tidiane Traoré Président du CACTICs
« le Mali est toujours premier dans les initiatives mais dernier par la suite »
Tous les participants ont félicité Isoc-Mali pour ce travail professionnel accompli.
Sinsin Salomon Tiénou (Envoyé spécial de Kayeskunafoni )