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Kayes : Enquêtes sur les causes de la rareté de la pluie à Kayes

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Malgré les gros nuages qui assombrissent le ciel kayesien, malgré les prévisions météorologiques qui annoncent la pluie dans la cité des rails et environnants, aucune goutte de pluie ne tombe

Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette absence des pluies pour la saison agricole 2019-2020 ?

Soleil brûlant, fortes chaleurs, manque de pluie, vent chaud et sec, ciel nuageux, etc. Tel est actuellement le climat à Kayes dans cette période hivernale. Tout le monde s’inquiète de l’absence des pluies à Kayes. Les premières pluies tombées ont permis à nombres de cultivateurs de procéder à la  semence. Mais actuellement ici à kayes, ces semences et les herbes meurent faute de pluie. Cette situation crée une désolation et surtout une inquiétude.   Impatient de voir la pluie retombée, les populations interprètent différemment ce manque de pluie. Certains pensent que la situation qui prévaut serait « un acte divin et une punition de Dieu », tandis que, d’autres évoquent le phénomène du changement climatique et « l’absence de forêt ». Quoi qu’il en soit, la situation est préoccupante quelle que soit la cause.

Plusieurs conséquences notamment naissent de cette situation : la famine si les récoltes ne sont pas bonnes, l’exode rural des jeunes vers d’autres localités, etc.. Pourtant, ce manque de pluie peut être lié à plusieurs facteurs : la déforestation, la coupe abusive des arbres, l’urbanisation anarchique, la pollution de l’air, etc., sont des actions néfastes de l’homme sur notre environnement. Ces actions en défaveur de notre écosystème ont de graves conséquences et menacent sérieusement la planète toute entière. La pluviométrie bien avant les débats du changement climatiques qui se tiennent aujourd’hui, était  une inquiétude pour l’administration coloniale dans le cercle de Kayes et de Kita selon un rapport économique dans’’ les crises internes du soudan français’’ adressé au gouverneur le 13 octobre 1941 à Bamako. Dans ce même rapport, il tombait « moins de 500 mm » d’eau dans le cercle de Kayes, ce qui constituait, le plus bas niveau enregistré depuis 1914 jusqu’en 1941 et « 776 mm contre 1150 mm » en moyenne dans le cercle de Kita à cette époque du temps colonial.

Annoncé depuis des années et devenu un sujet mondial des Etats et des Gouvernements, le changement climatique, on peut le dire est en train de gagner peu à peu du terrain dans la région de Kayes.

 Face à cette problématique, que pouvons-nous faire, et limiter les dégâts ?

Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons rencontré M. Boubacar Fofana, Environnementaliste, Chef service technique du Conseil Régional et consultant sur les aspects du développement durable qui nous a expliqué ce phénomène. « Beaucoup d’explications peuvent d’êtres données et interprétées, mais de façon spécifique, les nuages que vous voyez assombrir le ciel ne sont pas synonymes de pluie. Ça peut être des nuages de poussière, mais en les voyants, on a l’impression qu’ils peuvent provoquer des pluies. Quand vous regardez le processus de la pluie concrètement, c’est lorsque les deux airs se fusionnent, c’est-à-dire l’air chaud qui souffle du tropique et l’air frais provenant des océans atlantiques. Une fois que ces deux airs entrent en contact, le mécanisme provoque la pluviométrie. Or, à l’heure actuelle, les données prouvent que nous assistons à un réchauffement du globe terrestre et l’effet du changement climatique est une réalité. Il y a quelques jours, on parlait d’une forte canicule en Europe, c’est tout ça, qui provoque des perturbations dans la variabilité du climat et du temps. » a expliqué M. Fofana

Les raisons du réchauffement du globe terrestre ?

Selon notre spécialiste en environnement, « la raison fondamentale  est le gaz à effet de serre produit et la cause est liée de 60 à 80 % au comportement anthropique (l’homme) en faisant le déboisement, l’industrialisation, etc., qui produisent des gaz à effet de serre et provoque le réchauffement de la terre à son tour. Avant au Mali, on avait des saisons pluviométriques qui débutaient à partir de la fin des mois de mai, juin jusqu’en octobre dans certaines zones. Actuellement, la pluviométrie connaît des décalages. Par exemple l’année dernière, c’est en fin octobre que la pluie a commencé jusqu’en novembre, mais en plein avril et mars vous avez des pluies, donc il y a une perturbation des saisons pluviométriques, tout ceux-ci s’expliquent par le réchauffement du globe terrestre appelé changement climatique ».

Pour M. Boubacar Fofana, la solution au changement climatique n’est pas « individuelle, ni une ville. C’est un effet qui concerne le monde, donc un ensemble d’éléments doivent être pris en compte. Quand on prend par exemple la ville de Kayes, c’est des reboisements que nous devons faire pour amoindrir la température, or avec l’urbanisation, la ceinture verte qui se faisait dans le temps a disparu. Dans la ville de Kayes, vous n’avez même pas une forêt classée comme poumon dans la ville à part celle de Papara. Normalement, on devait avoir une foret au niveau de la ville ou aux alentours pour pouvoir réguler le climat, mais malheureusement, cela n’y est pas », avant d’ajouter qu’il « faut des efforts dans ce sens, en emmenant l’individu à changer de comportement dans un premier temps vis-à-vis de la nature, l’adaptation etc. » car selon le Consultant en développement durable, « la première action fondamentale à poser est la reconversion des mentalités afin que les gens comprennent que nous devons avoir un cadre de vie adéquat. Pour ce fait, il faut qu’on arrête le déboisement, l’urbanisation anarchique, l’agriculture extensible, l’élevage, le surpâturage, les défrichements incontrôlés et bien d’autres actions, pour amorcer un changement de comportement pour le système de notre écosystème ».

Interrogés sur la question, certains habitants pensent que le manque de pluie « est un fait de Dieu » et que le moment venu, la ville sera arrosée de pluie ».

Des religieux organisent déjà des séances de prière pour obtenir la clémence du ciel.

L’Objectif de Développement Durable (ODD) 13 pour lutter contre le changement climatique

Pour renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique, les pays ont adopté, lors de la COP21, l’Accord de Paris, entré en vigueur en novembre 2016. Dans cet Accord, tous les pays ont convenu de limiter la hausse des températures à 2 degrés centigrades. La mise en œuvre de l’Accord de Paris est essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable et fournit une feuille de route pour les actions climatiques qui réduiront les émissions et renforceront la résilience climatique. En avril 2018, 175 parties avaient ratifié l’Accord de Paris et 10 pays en développement avaient présenté leur première version de leurs plans nationaux d’adaptation pour faire face aux changements climatiques.

La question du changement climatique est une réalité et doit être une affaire de chacun de nous pour faire face à ce phénomène mondial. Pour y arriver, un changement de comportement s’impose.

Quelle sera donc, la réponse à cette question : quelle pluviométrie pour Kayes dans les années à venir ?

Michel Yao

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