Ce sont des klaxons de voitures ou de motos peu ordinaires que d’habitude qui retentissent à longueur de journée en ville ces derniers temps. Dans les gares routières, « on est débordé par la forte demande » assure un convoyeur d’une compagnie de transport de la place. Selon ce convoyeur, « à la veille des fêtes, la clientèle est assez forte, au point où on n’arrive pas à satisfaire tous les passagers faute de cars. Chaque année, c’est ainsi, mais nous faisons avec », ajoute-t-il.
Pour parer à toute surprise désagréable et arriver à destination avant la fête, les réservations sont faites en avance par les voyageurs. Dans ces gares routières, les mouvements d’aller-retour sont conséquents. Certains proches accompagnent les membres de la famille, ou viennent accueillir des parents à leur descente de cars en provenance d’autres localités du Mali. Les habitants des villages environnants viennent s’approvisionner au marché pour les besoins de la fête .
Depuis quelques jours, la ville de Kayes et les autres localités de la région se préparent à célébrer la fête de Tabaski 2019. Dans les familles, les préparatifs vont bon train et chacun prépare la fête à sa manière.Habits pour les enfants, chaussures et autres articles, ne passent pas inaperçus des acheteurs, sauf que cette année, «les moyens financiers font défaut » selon des mères de familles que nous avons rencontré au grand marché de Kayes.
Pour les chefs de famille, le calcul mathématique est un véritable casse-tête. Pour ceux qui n’ont pas encore pu acheter le mouton de la fête, il faut à tout prix l’avoir pour satisfaire la famille et laver son honneur.
Or, certains guides religieux affirment que « l’achat d’un mouton est obligatoire pour celui qui a les moyens, et non ceux qui peinent à trouver désespérément le prix de la popote ».
Malgré cette recommandation des chefs spirituels musulmans, bon nombre de familles s’entêtent à avoir un mouton, même si c’est à crédit, une chose déconseillée par la religion, bref, on peut le dire sans se tromper que beaucoup d’entre nous suivent peu cette recommandation de la religion. Prendre un mouton à crédit pour la fête résout-il le problème ? Ou encore Dieu fera-t-il porter un fardeau supérieur aux limites des moyens de sa créature ? « Non, c’est parce que, la religion est très mal interprétée et mal comprise par certains fidèles », confie un Iman de la ville.
Les marchés à bétail dans tous les coins de la ville
Sur les grandes artères, et certains endroits de la ville, les marchands de bétails n’hésitent pas à prendre place pour attirer l’attention des passants. Sont-ils autorisés à marchander à ces endroits, aucun des vendeurs de bétail n’a daigné répondre à mes questionnaires. Comment se sont-ils retrouvés à ces endroits alors qu’il y a un marché pour bétail ? Difficile d’en savoir plus, car personne ne veut nous répondre. Toutefois, le nombre de moutons partout en ville ne change en rien, les prix peu abordables allant parfois au-delà de 200 000FCFA.
À Kéniéba, un habitant de la ville nous apprend que le prix de mouton « varie de 50 000 à 225 000FCFA, voir plus ». Même son de cloche à Bafoulabé et Mahinan, « chez nous ici, les prix sont fixés de 60 000 à 150 000FCFA, ce sont les plus courants sur le marché » selon un confrère sur place dans la localité.
« Ici les prix des moutons sont classés en 3 catégories. La première est de 45000 à 60000FCFA, la deuxième passe de 60000 à 80000FCFA et la troisième se chiffre de 80000 à 200 000CFA voir plus. Depuis ce matin, je cherche désespéramment un mouton » commente à son tour un habitant de la ville de Nioro du sahel.
Les prix des moutons à Kayes comme dans ces localités varient en fonction de l’aspect physique de l’animal, mais l’autre gros problème auquel est confronté l’acheteur et rend cher le mouton est l’intermédiaire que jouent beaucoup de personnes qui ne sont pas les propriétaires. Conséquence, le revendeur doit tout faire des surenchères pour tirer assez de bénéfices, tant bien même qu’ils sous-traitent à des bas prix avec les éleveurs.
Presque que dans tous les secteurs, les affaires bougent, sauf que « le manque d’argent » est le langage courant dans les ménages à faibles revenus.
Les salons de coiffure pour les hommes ou pour les femmes, grouillent de monde. Les clients sont traités par ordre d’arrivée, il en est de même chez les maquilleuses. Chacun veut se rendre beau le jour de la fête. Dans les ateliers de couture, les tailleurs travaillent de jour comme de nuit pour satisfaire la clientèle. Ces efforts ne suffisent pas pour calmer la tension parfois grande, quand le client se rend compte que ses habits ne sont cousus.
La célébration de la fête de Tabaski 2019 s’annonce déjà difficile pour les commerçants qui ont été victimes de l’incendie dans la nuit du 29 au 30 juin dernier. « C’est vraiment difficile pour nous et nos familles » puis font en larmes, l’une des victimes qui n’a pas voulu en dire plus.
Cependant, la vigilance doit être une attitude que chacun doit adopter. Au moment où, les populations se préparent pour la Tabaski, des personnes mal intentionnées peuvent s’adonner au vol dans les maisons et autres lieux. De même, l’incivisme routier est de plus en plus grandissant pendant les périodes de fête. Pour ne pas que la fête se transforme en cauchemar, le respect des codes de la route est primordial afin d’ éviter les accidents de circulation routière et fêter dans la quiétude.
Michel Yao