Kayes : historique et signification du mot « Kayes », partie I

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Les origines du mot « Kayes »

Comme aime le dire Alain Foka dans sa célèbre émission, Archives d’Afrique sur Rfi qui parle de l’histoire contemporaine de l’Afrique à travers ses grands hommes, illustrée d’archives sonores et de témoignages des acteurs encore vivants, est tirée la citation qui ouvre chaque émission, une phrase devenue leitmotiv pour les auditeurs

« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme »

Dans son livre Kayes et le Haut Sénégal, les étapes de la croissance urbaine, les Editions populaires, Bamako, 1972, Tome 1 Page 15, l’auteure Rokiatou N’diaye Kéita, défini « Kayes » comme étant la transformation au cours du temps venant du mot Sarakollé « karré » qui veut dire marigot par référence au bas-fond humide et inondé en saison des pluies où se trouve Kayes. Selon Rokiatou N’diaye Kéita, le pays appartenait en effet aux Sarakollés Bathily, dont le fief s’étendait jusqu’à une petite rivière rejoignant le fleuve immédiatement en aval de Médine. Selon toujours Rokiatou N’diaye Kéita, les Khassonkés, eux, appelaient l’endroit « Karé Faro » ou rizière du « Karé ». Une autre version propose comme origine au nom de la ville le mot « kanian », désignant une herbe haute qui pousse dans le bas-fond qui était le lieu de pâture en saison sèche de certains troupeaux de Médine.
Selon une autre source, le nom Kayes fut une erreur d’interprétation du mot « Caïd » qui signifie caïlcédrat en langue Ouolof. Lorsque les Français demandèrent au laptot qui ne comprenait pas très bien la langue française et pensait qu’on lui demandait le nom de l’arbre, il répondait « caïd » qui deviendra Kayes.
Enfin, une quatrième version soutient une autre hypothèse. En effet pour Sadio Barry, Maître Principal de l’Enseignement Fondamental, Académie d’Enseignement de Kayes, Soma Diguidian DIAKITE, un riche notable de Niatiaga, est le père de Séga DIAKITE. Son petit-fils
Diguidian, fils de Séga, fut surnommé Kayé à cause de sa méchanceté. Le « Kayé » est une herbe qui coupe comme un rasoir ; qui s’y frotte, s’y blesse. Diguidian fils de Séga, que nous appellerons désormais Kayé, était insupportable : son père décida de l’éloigner.
Vers le début du 19 e siècle, il sollicita de Magan-Fatouma SISSOKO, roi de Logo, l’autorisation d’occuper l’emplacement actuel de la ville de Kayes. Kayé Séga s’installe au bord d’une mare. Cette mare fut désignée sous le nom de « Kayé-Kharé », la mare de Kayé et donna son nom au village. À la longue, on finit par ne plus dire Kayé-Kharé mais Kayé. Cette quatrième version a été donnée par Sadio Barry dans une communication donnée le 16 avril 2010 à Kayes.
Au regard de toutes ces versions, Kayes s’est constitué en partie par l’arrivée des Khassonké de Médine. Pour rappel, Médine fut, même du point de vue de la colonisation le premier site d’installation des colons au Soudan oriental et où un fort d’une grande envergure fut construit non seulement pour mieux contrôler les mouvements des personnes et des biens (raison commerciale) sur le fleuve Sénégal, principale artère, mais aussi pour empêcher le conquérant toucouleur El Hadj Umar Tall d’avoir une main mise sur le Khasso de Djouka Sambala Diallo, alors roi (raison politique). De même, le centre du Soudan va se déplacer de Médine, première capitale vers Kayes progressivement et cette dernière en devient la capitale.
Pourquoi a- t-on délaissé Médine pour Kayes ?
La raison sera connue dans la deuxième partie de notre recherche.

Michel Yao

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