Comme aime le dire Alain Foka dans sa célèbre émission, Archives d’Afrique sur Rfi qui parle de l’histoire contemporaine de l’Afrique à travers ses grands hommes, illustrée d’archives sonores et de témoignages des acteurs encore vivants, est tirée la citation qui ouvre chaque émission, une phrase devenue leitmotiv pour les auditeurs
« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme »
L’historique, la signification du mot « Kayes », partie I
Le Khasso : ce quartier est le seul de la ville de Kayes antérieur à l’installation de la domination française. Lorsqu’en 1880 Gallieni choisit un site pour installer la future capitale du haut-fleuve, un village s’y trouvait déjà et était occupé par la famille de Diouka Samballa, roi du Khasso. L’installation de ce quartier a connu plusieurs gymnastiques, au profit de l’armée française entre 1884 et 1886 avant d’être détruit par des crues exceptionnelles des années 1890 et 1906 pour ensuite définitivement occuper le site actuel.
Les investigations menées autour de cette question nous apprennent que Soutoucoulé, serait le second hameau installé sur la rive droite du fleuve Sénégal par les habitants de Médine pour surveiller le gué au seuil rocheux des kippes en face du confluent de Papara, sur le croisement de la route de kouniakary. Une autre version de Rokiatou N’diaye Kéita, dans « Jean suret canale, Afrique Noire Occidentale et Centrale : Géographie- Civilisations- Histoire, éditions Sociales, Paris 1961, Pages 229,» qu’elle a cité dans son livre opuscule citée, Page 41, nous apprend qu’un partie des habitants de Soutoucoulé qui était sur la rive droite, a traversé le fleuve pour s’installer sur la rive gauche.
Liberté : d’après les archives de la mission culturelle de Kayes, ce village qui est devenu aujourd’hui un quartier, a été créé par le capitaine de Brissay, commandant le Cercle de Médine, pour en faire la résidence de captifs libérés au cours de la campagne de répression du colonel Frey dans le Guidimaka contre Mamadou Lamine Dramé. D’abord Brissay-ville, puis Liberté-Faidherbe, ce village aurait porté le nom de Village- Gallieni au moment où ce dernier, en tant que Commandant Supérieur chargé de l’administration du Haut-Fleuve, de la conquête de nouveaux territoires et de la construction du Kayes-Niger, l’organise pour y faire résider les travailleurs forcés(les fameux captifs « libérés »).
On peut considérer « le village de Liberté » de Kayes comme le premier qui ait été créé au Soudan et aussi le modèle de toute une série qui sera implantée auprès des autres postes français.
pourquoi a- t-on délaissé Médine pour Kayes ? Partie II
Après celui de Kayes, un « village de liberté » est fondé à Médine, puis d’autres ont créé à travers le Haut-Sénégal- Niger.
Cependant, tous les habitants de Kayes-Liberté ne sont tous pas des anciens captifs libérés. Avec, le temps, d’autres éléments sont venus s’ajouter aux premiers. Ce sont des commerçants d’origine Sarakollé (du Guidimaka ou de Nioro), Malinké (natifs de Siguiriou Kanakan) ou des ouolofs.
Légal- Ségou : troisième quartier africain de Kayes, Légal- Ségou a été fondé en1890 par les migrants internes de Ségou ayant quitté cette ville après sa prise par Archinard en février 1890 selon les archives de la mission culturelle de Kayes que nous avons consulté au cours de cette recherche. Les mêmes sources expliquent que le 16 janvier 1890, Archinard adresse une lettre à Ahmadou pour lui faire part de ses intentions pacifiques, qui seront de courtes durées puisqu’il marche sur Ségou le 1 er février 1890 muni de deux canons 95. Les Toucouleurs de Ségou, sous escorte, sont renvoyés au Fouta –Toro. Pour mener une réplique à cette attaque du colon, Ahmadou attaquera les lignes de communication par Kayes et réussira à libérer environ 3 000 « rapatriés » qui le rejoindront à Nioro ».
Certains de ces rapatriés toucouleurs, une fois arrivés à Kayes, auraient obtenu du Haut- commandement militaire, l’autorisation de s’y installer. Légal-Ségou signifierait en langue peul quartier Ségou. Ce sont en effet les éléments peuls et toucouleurs qui prédominent dans ce nouveau noyau de peuplement africain. Les premiers occupants connus de Légal-Ségou sont des anciens combattants, dont les lieutenants Bakary Camara et Alakafissa, l’adjudant Mody N’Diagne, l’interprète Samba Sow.
On place, à l’époque de la fondation de Légal-Ségou (1890-1891), la date de l’arrivée d’un groupe de pêcheurs Somono et Bozo de Ségou qui se sont installés sur une partie de ce quartier en création à partir de l’extrémité orientale du Khasso, près du fleuve. Ce groupe de pêcheurs, transplanté d’un milieu dans un autre, a néanmoins pu conserver certaines pratiques culturelles comme la danse des masques, les masques tels que le Kono(Oiseau), le Diara-Wara (lion), les Sogow (biches). Ainsi cette communauté de pêcheurs Bozo et Somono, même transplantée sur les rives du Sénégal, conserve son originalité propre. Comme dans les villages qui agrémentent les rives du Djoliba- cours supérieur du Niger jusqu’à Mopti-, on les voit à longueur de journée assis sur le pas de leur porte ou à l’ombre d’un grand figuier, face au fleuve, en train de fabriquer ou de réparer des filets, de faire sécher du poisson au soleil.
Michel Yao