Acceuil Regard Croisé L’or source de réconfort et de malheur

L’or source de réconfort et de malheur

0
1133

Aujourd’hui, contrairement aux préjugés sur le caractère fugitif de l’or, beaucoup de jeunes réalisent des investissements durables dans leurs familles ou même dans le village. Soit qu’ils sont employés par les grands industriels de la place soit ils travaillent en secteur privé par la pratique de l’orpaillage traditionnel.

Dans les deux cas, le métal jaune tant convoité présente une ambivalence. En effet, l’or contribue véritablement à la relance de l’économie locale. Beaucoup de jeunes construisent des bâtiments, installent des maisons de commerce, payent des intrants agricoles bref s’imposent un droit de regard et le respect au village. Il suffit d’avoir avec soit deux prédispositions pour figurer parmi les grands hommes qui ont construit leur fortune dans les mines : la première requiert le courage et la seconde être porteur de la chance, car les malinkés estiment que « djura ni haradjigé lé mu » (le placer est compagnon de la chance.)
Il y a un demi-siècle plutôt, nos ancêtres se rendaient au placer munis d’une corne de bœuf qu’ils remplissaient puis refermaient sagement le puits minier sachant même qu’il regorge de beaucoup d’or. Ils se retournaient reprendre la daba et le champ. Ils ne s’y trompaient pas, car si l’or soutient les bourses, c’est la « daba » qui soutient l’estomac. C’est pour
quoi, on peut néanmoins voir les plus sages remonter au champ afin d’échapper à la tentation du « djurahadumo » ou l’espoir hypothétique lié à la recherche de l’or. Leurs ambitions n’étaient pas démesurées, il fallait juste trouver les frais de se désengager de ses dettes ou prévenir les crises éventuelles. De nos jours, il faut aux hommes de décimer des milliers d’hectares de terre pour extraire des kilogrammes afin de nourrir leurs ambitions. En plus, les zones de placer sont de véritables dangers de criminalité, de maladies et la déperdition des valeurs morales. Alors n’est-il pas temps de revenir à la raison pour garantir notre survie et ceux des générations futures ?

Doundou Keita Chercheur en traditions malinkés de Kéniéba

Pas de commentaires