Enquête Les chemins de l’adoption (2/2). De 1989 à 2001, plus de 300 enfants furent adoptés au Mali via une association française. Plusieurs s’interrogent sur les conditions de ces adoptions.
Le temps s’est arrêté à Saint-Thégonnec Loc-Eguiner, dans le nord du Finistère. Assis devant deux albums photo, Françoise Raoult et son fils Jean-Noël, 35 ans, revivent une à une chaque image, le sourire aux lèvres et le regard tendre. Ce 17 octobre 2019, rien d’autre n’existe que ces clichés, vestiges de l’enfance de Jean-Noël et de celle de son petit frère Pierre-Yves. « Un vrai bain. Avec de l’eau qui sort du pommeau de douche ! », s’émerveille encore Jean-Noël en pointant la photo où ils rient tous les deux à gorge déployée dans une baignoire.
C’était en décembre 1990. Françoise et Bernard Raoult, un couple breton, venaient d’adopter Jean-Noël et Pierre-Yves, arrivés du Mali à l’âge de 6 ans et 4 ans. Grâce à l’association française Rayon de soleil de l’enfant étranger (RDSEE), les parents et leurs nouveaux enfants réalisent alors leur rêve : Françoise devient maman et les deux frères découvrent la France au sein d’une famille aimante, après avoir été « abandonnés » par leur famille biologique. « Abandonnés », c’est en tout cas ce que RDSEE leur a toujours dit…
Trente ans ont passé, et, malgré l’amour qui les lie, les uns et les autres ne peuvent s’empêcher d’éprouver amertume et rancœur au moment de refaire le film de cette adoption. Au point, pour Jean-Noël, d’avoir porté plainte pour escroquerie, recel d’escroquerie et abus de confiance, lundi 8 juin, au tribunal de grande instance de Paris, contre RDSEE et Danielle Boudault, l’ancienne correspondante de …La suite de l’article sur le www.lemonde.fr